03 février 2009

Le modèle de l’industrie de l’automobile est-il dépassé ?

Il y a quelques semaines se sont télescopés, dans l’actualité, des événements qui apparemment n’avaient rien en commun : l’aide de plusieurs milliards de dollars accordée aux Big 3, le dépôt de bilan de Kodak, le dépôt de bilan de CAMIF, les grosses crises chez 3 Suisses et La Redoute.

Vu de loin, rien de commun entre tous ces événements. Reprenons-les un à un.

Kodak fût, pendant de longues années, le roi de la photo. Kodak n’a non seulement pas inventé la technologie numérique, mais (pire encore) n’y a jamais cru et n’a rien fait pour se réinventer dans le business numérique. Qu’est-ce qui est arrivé ? Kodak a littéralement été « tué » par le numérique. Les entreprises de vente par correspondance sur catalogue CAMIF, 3 Suisses, et La Redoute ont fait leur mutation trop tard et ont eu (ou auront) du mal à résister au modèle de vente direct sur internet (dont le leader est eBay). Dans la lignée de nouveaux modèles de business écrasant les anciens, on peut citer Amazon.com vs. Librairies classiques, iTunes vs. CD,… Et la liste est longue.

Le point commun entre tous les événements sus-cités est l’adaptation du modèle de business au temps qui change.
Mon interrogation est la suivante : est-ce que le modèle actuel de l’automobile est toujours adapté à notre société actuelle ?

Une nouvelle société, Better Place, est en train de tester un autre modèle de business. L’idée est de plutôt se focaliser sur la mobilité des personnes. Cette société voudrait produire de l’énergie verte à grand échèle (éolienne, solaire,…) construire un réseau de distribution bien « maillé » et vendre des distances de mobilité à l’instar des minutes de communication téléphonique. Comme vous achetez de minutes chez SFR, vous pourrez acheter des minutes de transport (ou de mobilité) chez Better Place. Est-ce que cela marchera ? Je n’en sais rien. Simplement, il y a longtemps que je suis convaincu (pour plusieurs raisons) que l’automobile (à l’exception de quelques gammes de luxe) devient de plus en plus un objet à caractère fonctionnel : « permettant d’aller d’un point A à un point B ». Si tel est le cas, alors le modèle de Better Place a de très bonnes chances de succès. A l’heure où l’état américain (et bientôt la France pour ses constructeurs) verse des milliards de dollars pour soutenir les Big 3, on peut se poser la question de savoir si le modèle dominant actuel de l’automobile n’est pas simplement à bout de souffle. Sujet à suivre…

3 commentaires:

Florent FOUQUE a dit…

Bonjour et merci pour ce nouvelle article (très en lien avec mon précédent commentaire.. ;-)

Pour Kodak je crois que c'est pire que cela... Il me semble, mais il faudrait vérifier, que la technologie du numérique sort des laboratoire de recherche de Kodak. Mais à l'époque Kodak n'y croyait pas... Et surtout comme vous le dites très bien cela remettait en cause leur business modèle qui reposait essentiellement sur les consommables et les développements.

Nous en revenons toujours au même constat... Les grosses structures s'enlisent dans leur paradigme et se refuse d'admettre que de nouveaux business modèles peuvent fonctionner... Pour les petites structures qui se lancent c'est plus facile car il n'y a pas de paradigme en place...Jusqu'au jour où... ;-)

Au plaisir de vous lire.
Florent.

PA a dit…

Une société à Paris a déjà commencé un service de location de voiture type "autolib" : des voitures sont déposées sur des places de parking, on fait une réservation par Internet jusqu'à 15mn avant, et on paie à l'heure d'utilisation (9€ je crois).
Il y a certainement un business model à créer dessus car les utilisations sont multiples :
- pour aller travailler la semaine
- pour faire ses courses le week-end
- pour partir occasionnellement en week-end
- ...
On peut ainsi rationaliser un parc de voitures. Le principal frein viendrait de l'aspect "possessif" de la voiture, mais cela peut être amené à changer.
Peut-être que les constructeurs automobiles devraient être leader dans cette démarche, ce n'est pas si éloigné de leur cœur de métier, ils seraient en avance sur leur temps et il est encore temps de tester à petite échelle ce qui comportera un ticket d'entrée important dans 10 ans.
Une exemple parmi d'autres...
Toujours un plaisir de lire ce blog plein de recul.

Pierre-Antoine

Alain Patchong a dit…

Bonjour,

Merci de votre commentaire.

Mea-culpa, c’est bien un ingénieur de Eastman Kodak (Steven Sasson) qui a invente l’appareil de photo numérique en 1975. Dans mon esprit, il s’agissait du premier appareil numérique mis sur le marché qui, je crois n’était pas un Kodak.
Alain Patchong