13 avril 2009

Comment se comportent les Big 3 japonais face à la crise ?

http://www.usatoday.com/money/autos/2009-04-02-toyota-honda-nissan_N.htm

Un récent article de USA Today analyse la situation des 3 grands constructeurs japonais : Toyota, Honda et Nissan. Leur situation financière est, au globale, moins difficile que celle des big 3 américains ; malgré un handicap supplémentaire dû au renforcement du Yen, comme le souligne Carlos Ghosn :

"Nissan is operating in an environment in which we are hit with three challenges at one time: the credit crisis, the economic recession and the strengthening yen,"

Cet article montre que, comme partout ailleurs, le mot d’ordre est « Save, save, save ». Chez Honda le principal critère de réduction de couts est "D.I.S.C. — Does It Sell Cars?". En d’autres termes tout ce qui ne permet pas de vendre est « supprimé ». Il convient toutefois de signaler que réduire les coûts, c’est bien mais pas suffisant. On peut également (surtout en temps de crise) actionner le levier « gain de parts de marché » en fournissant plus de valeur au client.

On note aussi des changements à la tête des entreprises nipponnes où des PDG plus jeunes font leur arrivée : Takanobu Ito, (55 ans) qui remplace Takeo Fukui (64 ans) chez Honda alors que chez Toyota Akio Toyoda (52 ans) est déjà aux commandes. Contrairement à GM, qui continue à placer des financiers à sa tête, il y a une volonté de se renforcer sur ses bases techniques (engineering).

Enfin, un point qui m’a frappé : la différence « d’agressivité » entre les deux groupes dirigés par des japonais (Toyota et Honda) et celui dirigé par le français (Nissan). Comme le dit l’article :


“Trying to find ways to cut payroll costs without breaking their no-layoff pledges, Toyota and Honda have created voluntary buyout programs. Both are cutting salaried worker pay and bonuses and shortening factory workweeks. Honda, for instance, announced 13 more non-production days through July to trim production by 62,000 vehicles.
And although there are no involuntary layoffs among permanent staff, neither company has had any qualms about letting go "temporary" workers, who may work the lines full time but have not achieved full-time status.”


“Nissan has been particularly aggressive — and transparent — in its retrenchment. The smallest of Japan's Big 3 is cutting 20,000 jobs worldwide, including 1,200 U.S. workers who have taken buyouts. Nissan will introduce 48 models through 2012, not the 60 originally planned. Travel expenses were slashed 75%.”

Nissan se débarrasse de 20.000 personnes et réduit le nombre de nouveaux projets prévus de 60 à 48. Quant à Toyota et Honda, ils continuent de s’en tenir à leur politique de zéro licenciement d’employés permanents (non-temporaires). Les principaux outils utilisés : les départs volontaires, réduction de salaires et bonus et la réduction des jours de production. A noter que Toyota maintien cette politique de non licenciement malgré des pertes prévues cette année à 3,8 milliards de dollars. Autre point que je soulignerais : la diminution du nombre de nouveaux projets permet, certes, de réduire les coûts mais risque de contribuer au rétrécissement de la part du marché de Nissan.

Il y a la clairement une différence de philosophies de management, entre celle des japonais (fortement influencée par les principes de W. E. Deming) et celle des occidentaux (quelquefois trop financière, hyper /sur réactive et «courtermiste»).

2 commentaires:

Régis a dit…

SAlut Alain,
Je ne sais pas trop si arrêter les projets est si dramatique. Certains pensent qu'a la sortie de la crise le marché sera totalement différent, faut il coûte que coûte maintenir le plan produit décidé avant la crise?
Par contre il faudrait effectivement en contrepartie lancer de nouveaux projets "innovants" répondant à la voix du client de demain. Sait on si Toyota et Honda préparent demain ? Quid des constructeurs européens?
Régis

Alain Patchong a dit…

Régis,
Tu as complètement raison. Cela me donne l’occasion de clarifier mon propos dans ce post. Les messages que je souhaitais passer étaient 1/En temps de crise, il faudrait tant que faire se peut ne pas tout arrêter, surtout pas réduire le nombre des projets (il y a des risques de contraction de part de marché) ; 2/Ce focaliser « au laser » sur le besoin du client. A partir de cela, il y deux actions possibles. On peut se recentrer les projets en cours ou alors « tuer » quelques uns complètement hors-cibles pour les remplacer par d’autres correspondant davantage à la demande du client.